chapitre 4

Chapitre 4

Les feuilles du contrat étaient posées sur la table, noircies de mots froids et mécaniques, des phrases dénuées d’âme qui scellaient des vies comme des chaînes en acier. Le silence était étouffant. Pas un bruit, pas un froissement de papier, rien. Juste cette tension palpable, une corde prête à se rompre.

— Deux ans minimum, lâcha Damian en feuilletant les pages, l’air neutre, mais son regard trahissait un brin de gêne. Xander était immobile, assis au bout de la pièce, le dos droit, une statue de glace dont chaque fissure semblait taillée pour dissuader quiconque de l’approcher. Il n’avait pas encore parlé. Pas besoin. Sa simple présence imposait.

Irina, debout face à lui, ne montrait aucun signe d’hésitation. Elle avait lu les termes. Une centaine de clauses, peut-être plus. Chaque ligne pesait un peu plus lourd sur ses épaules, mais elle tenait bon. Pas question de baisser les yeux.

— Deux ans, répéta-t-elle, sa voix plus ferme qu’elle ne l’aurait cru. Très bien. Si c’est ce qu’il faut pour en finir.

Xander releva enfin la tête, un sourire presque imperceptible tordant ses lèvres. Il appuya ses coudes sur la table, ses doigts s’entrelacèrent lentement, un geste si calculé qu’il semblait programmé.

— En finir ? Tu crois que c’est aussi simple ?

Elle croisa les bras, masquant son appréhension derrière une façade de défiance.

— C’est toi qui veux des garanties, pas moi. Deux ans, c’est deux ans. Je signerai, et toi, tu pourras faire ce que tu fais de mieux : contrôler le monde depuis ton trône.

Un rire, court et tranchant, s’échappa de sa gorge.

— Tu es pleine de ressources, je te le concède. Mais laisse-moi te dire une chose, princesse : si je vois la moindre faiblesse en toi, je ferai annuler ce mariage sans même cligner des yeux. Ce contrat, ce n’est pas une faveur qu’on te fait. C’est un test.

Elle sentit son estomac se contracter, mais son visage resta impassible.

— Un test ?

Il se leva, s’approchant lentement. Chaque pas résonnait comme un coup de marteau.

— Oui. Pour voir si tu es capable de survivre dans mon monde. Parce que laisse-moi te prévenir : ce monde n’a pas de place pour les faibles. Si tu trébuches, si tu te plains, si tu montres ne serait-ce qu’un soupçon d’hésitation, je n’aurai aucune pitié.

Elle aurait dû avoir peur. Peut-être même qu’une part d’elle tremblait. Mais elle refusa de lui donner cette satisfaction.

— Tu parles comme si tu étais invincible. Mais on sait tous les deux que personne ne l’est.

Son regard se durcit, mais il ne répondit pas. Damian, en retrait, laissa échapper un soupir discret. Cette fille avait du cran, il ne pouvait pas le nier.

— Alors ? On signe ou pas ? lança-t-elle, brisant le silence.

Xander la dévisagea longuement, cherchant la faille. Mais il ne trouva rien, juste cette détermination brute qu’il n’arrivait pas à expliquer. Il finit par tendre la main, désignant les documents.

— Très bien. Mais souviens-toi : chaque clause, chaque mot de ce contrat est une lame. Et crois-moi, je sais comment m’en servir.

Elle s’avança, prit le stylo avec une assurance feinte et apposa sa signature. À cet instant, elle sentit le poids du pacte se refermer sur elle comme un piège, mais elle releva la tête, décidée à ne pas reculer.

— Et maintenant ? demanda-t-elle, le défi toujours présent dans sa voix.

Xander esquissa un sourire glacial.

— Maintenant, on joue.

Elle sortit de la pièce, laissant derrière elle cette tension qui semblait prête à exploser. Damian, resté seul avec Xander, brisa le silence.

— Elle est différente, non ?

Xander ne répondit pas tout de suite. Son regard restait fixé sur les documents signés, comme s’ils portaient plus de poids qu’il ne voulait l’admettre.

— Peut-être. Mais ça ne change rien.

Damian fronça les sourcils.

— Et si elle te surprenait ?

Un sourire amer effleura les lèvres de Xander.

— Personne ne me surprend.

Mais dans le fond, une question qu’il n’aurait jamais admise commençait à se former : *Et si, cette fois, il se trompait ?*