Chapitre 7. Lui
Je me sens un peu mal d’avoir bousculé Davina. Mais c’est le moment ou jamais pour moi de vérifier mes soupçons. Je me rends donc en cours de chimie et je fais en sorte que la seule place libre soit celle à côté de moi. Pour ce faire, j’intimide les plus peureux et négocie avec les plus baraqués de la classe. Lorsque j’obtiens satisfaction, je remarque qu’elle n’est toujours pas revenue des toilettes. Parfait !
Au bout d’un moment, elle se pointe devant la porte et reste plantée là, comme tétanisée. Les autres ont tous les yeux baissés ou ne prêtent juste pas attention à elle. Moi, je remarque immédiatement qu’elle a le t-shirt mouillé, au niveau du ventre. Cela laisse apparaître la couleur de sa peau sous le tissu. Je perds pied. Elle est tellement sexy. Mon pantalon commence de plus en plus à me serrer au niveau de mon entrejambe.
À contrecœur, je vois qu’elle se dirige vers moi. Elle s’assoit au bout du banc, sûrement pour laisser de l’espace entre nous. Je me sens obligé de m’excuser encore une fois pour tout à l’heure, mais elle m’envoie balader. Bon, ça va être encore plus difficile que je ne le pensais. Je me tais et j’essaie de trouver le meilleur moyen pour l’aborder, sans pour autant l’effrayer.
Monsieur Clark fait son entrée et il commence à parler de mélanges chimiques. Je suis plutôt bon en matières scientifiques. Du coup, je me retrouve facilement dans tout ce blabla sans fin. Je vois dans mon champ de vision que Davina m’observe. Je sais qu’elle n’y connait rien en chimie. Et je tiens peut-être là la meilleure manière de passer du temps avec elle, pourquoi pas ? Je sais à quel point elle veut réussir son année. Alors, je décide de lui donner des cours pour l’aider. Cela me semble une excellente idée. Mais en fait, le prof me tend une autre perche qui est encore plus géniale. Il parle de travail en binôme. Je pourrais alors convaincre facilement le binôme de Davina de me céder la place.
- Davina Martins, vous serez avec Ryan Bright.
Je jubile intérieurement. Je vois bien que Davina essaie de convaincre le prof de changer d’avis, mais elle ne reçoit pas de faveur de sa part. J’aurai enfin des tas et des tas d’occasions de passer du temps à connaître Davina, mais en plus, je pourrai très facilement savoir si ma théorie est bel et bien vraie. Je la regarde avec un sourire.
- Quoi ?
- Non, rien. Je suis juste content de partager un peu de temps avec toi.
Je pose ma main sur sa cuisse. Et là, j’ai la réaction que j’attendais. La confirmation de tous mes doutes depuis que je lui ai évité de se casser la tête dans le couloir.
- Non, mais ! Pour qui tu te prends à me tripoter comme ça ?
De suite, je sens une colère noire monter en moi. Elle n’a pas l’habitude qu’on la touche. Je suis certain qu’elle n’a jamais fait ces choses qu’on dit sur elle. Et elle se laisse faire sans défendre son honneur. J’avoue que quelque part, je ne comprends pas pourquoi elle se laisse faire comme cela, mais j’admire son courage. Affronter tous ces regards sur elle chaque jour, ça doit être épuisant. Et en plus, beaucoup l’insultent en utilisant des mots plus blessants les uns que les autres. Mais elle ne s’est jamais laissée démonter, alors que tout ce dont on l’accuse, elle ne l’a même pas fait.
Soudain, je ressens en moi un désir de la protéger. Je ne sais même pas pourquoi je ressens ça ! Elle n’est même pas ma petite amie, ni même mon amie. Mais elle a l’air si fragile en me regardant avec ces yeux pleins de colère et de défi suite à mon petit geste anodin.
Je me jure d’avoir le fin mot de toute cette histoire, et c’est sûr, des têtes vont tomber. Malgré mes airs de brute, je ne supporte pas qu’on fasse du mal aux femmes sans défense, que ce soit émotionnellement ou physiquement. C’est pour cette raison que je voue une haine infaillible à mon père. Pour avoir détruit ma mère émotionnellement. Et je n’ose même pas imaginer ce qu’a dû endurer Davina de son côté. Avec tous ses mecs qui racontent des ébats passionnés et des gestes qu’elle n’a pas faits. Et elle qui se laisse faire sans riposter. Je dois la protéger et rétablir sa réputation.
Bizarrement, le cours de chimie est devenu l’une de mes matières préférées.
« Davina, je te jure que je découvrirai la vérité et je te débarrasserai de ce poids qui pèse sur toi, même si tu ne m’as rien demandé. Tu m’en seras reconnaissante, crois-moi ».
Mais avant tout ceci, il faut que j’aie la preuve de son innocence. Je dois lui parler ouvertement et lui dire que j’ai tout compris. Et j’espère avoir des confidences de sa part. Avant que la fin du cours ne sonne, je lui attrape le bras. Elle semble surprise par mon geste et dégage ma main.
- On peut débuter le travail dès ce week-end si tu veux. Je préfère toujours prendre de l’avance sur mes cours.
Elle soupire. Je sais qu’elle ne veut vraiment pas faire ce travail en binôme. Et cela me conforte encore plus dans mes théories sur son innocence.
- Bon, d’accord. Mais sache que c’est vraiment à contrecœur pour moi.
- Oui, je sais. Disons, samedi 11 heures ?
- D’accord. Chez toi ou chez moi ?
- Chez toi, je préfère.
- D’accord.
Elle griffonne son adresse sur un papier et me le tend.
- Bon ben, salut !
Et voilà qu’elle part sans se retourner. Elle fait toujours la même chose à chaque fois qu’on se croise. Elle part toujours sans prévenir. Mais bon, au moins, je vais passer du temps avec Davina ce samedi. Je vais tout faire pour connaître la vérité, toute la vérité.