Chapitre 5

J'entendis à peine l'eau de la douche se couper, avant de voir apparaitre en serviette Stella dans la pièce. J'étais installé dos à la porte, pendant qu'elle vaquait à ses occupations. Elle se déplaça vers sa coiffeuse, pour se munir d'un tube de crème et s'en induire l'épiderme. Elle baissa sa serviette, m'exposant fièrement sa nudité. Je n'étais pas puceau, mais la vue offerte à mes yeux, me fit réagir naturellement. Mon excitation grimpa, se reflétant dans mon membre. Une fois complètement huilée, elle se vêtit d'une nuisette en soie, avant de grimper sur son lit. Je m'approchai du côté opposé au sien du lit, et m'assis dessus. Je retirai mon haut pour ne conserver que mon bas, avant de me coucher à ses côtés.

En premier lieu, une certaine distance nous sépara. Chacun de nous installer à son extrémité du lit et nous nous faisions dos. Je me retournai, avant de la voir se retourner à son tour et nos regards se croiser. Elle baissa les yeux, toute gênée. Inconsciemment je ressentis le besoin de la rapprocher de moi. Je savais que je brisais une de mes règles comme cela, mais j'avais promis de faire des efforts. Et je tenais toujours mes promesses. Quand son corps se retrouva accolé au mien, je vis son visage se parer d'un sourire de satisfaction. Je compris alors qu'elle avait voulu me demander cela depuis, mais ne savait pas comment me présenter sa demande.

Je ne dormais pas, elle ne dormait pas. Je pouvais sentir la chaleur libérée par son corps au contact du mien, son souffle sur mon torse, ses mains qui s'agrippaient à ma cote. Je me focalisais sur les moindres mouvements de son corps, qui pénétraient dans mon espace, auparavant inoccupé. C'était différent, mais je ne pouvais dire que c'était automatiquement meilleur que d'habitude. Mon corps réagit négativement au départ à ce contact de trop forte proximité, qui commençait à s'éterniser. J'avais chaud, je transpirais, j'étais mal à l'aise, mon rythme cardiaque augmentait, je n'arrivais pas fermer les yeux et à me détendre. Mais petit à petit, mes constantes vitales revinrent à la normale. Je me sentis envahi par une sensation de bien-être inattendue et je sentis mes muscles se relâcher.

Je sentis subitement gigoter Stella dans mes bras. Je connaissais cette réaction, elle voulait aborder un sujet sensible avec moi, mais ne savait pas comment le faire. Stella n'avait pas sa langue dans sa bouche habituellement. Si elle n'était pas si à l'aise, c'est parce qu'elle ne savait pas comment je risquais de réagir à ce qu'elle voulait me dire ou mieux encore, elle savait que j'allais moyennement apprécier le prochain sujet de discussion.

- Stella je t'écoute...

Elle semblait jauger le pour et le contre avant de se lancer. Ou elle cherchait à mobiliser tout son courage avant de s'élancer. Je me demandai bien de quoi pouvait-il s'agir force. Je pouvais être patient, mais je sentais ma patience s'égrainer très rapidement à mesure qu'elle continuait à rester murer dans son silence. Je voulais savoir, je pouvais lui ordonner de me dire, mais je préférais qu'elle s'exprime dès qu'elle se sentirait prête. Je lui faisais assez confiance pour juger du bien-fondé ou non de ce qu'elle allait m'annoncer.

- Nous sommes allées chez Diana, retrouver les autres soumis hier. Il y avait Benoit, Maeve et Becca...

Elle s'était arrêtée avant de prononcer le nom de Rebecca. Je savais que la trahison de Becca, elle ne l'avait pas encore digérée. Elle n'arrivait pas à passer à autre chose et longtemps en parler, était une chose bien trop sensible. Cela me peinait de la voir, aussi meurtrie après tout ce temps, mais elle devait avancer. Je le lui avais toujours dit. Cette histoire avait failli créer une rupture sèche entre Jacob et moi. Mais nous avions préféré, les laisser gérer la situation à leur façon. Avec le temps, je me dis que nous aurions dû crever l'abcès dès le début et mettre les points sur les i. Je soupirai, rien qu'au souvenir.

- Nous avons un peu parler, mais il faut maintenant que nous nous asseyions au calme pour réellement discuter seule à seule...

Je pouvais sentir son angoisse, pendant qu'elle m'exprimait ses intentions. Elle redevint à ce moment la Stella fragile que j'avais rencontré 5 ans auparavant. Elle tremblait visiblement.

- Je suis là, lui dis-je en la caressant doucement.

Elle se détendit et arrêta de trembler. Elle me regarda dans les yeux comme pour tester la résolution de mes paroles.

- Je ne suis pas sure de pouvoir le faire, ou même de vouloir le faire tout court. Elle s'arrêta un instant, avant de reprendre. Je suis si contente de vous ravoir dans ma vie, me souffla-t-elle. Vous m'avez tellement manqué.

Je savais que ses paroles étaient prononcées avec l'écho de ses sentiments pour moi, nature de sentiments que je ne possédais plus pour elle. Mais surtout, une chose que je voulais à tout prix éviter.

- Stella, tu peux très bien t'en sortir sans moi. Ne sois pas dépendante de ma présence, nous en avons déjà parlé.

- Je sais, j'ai essayé, mais je n'ai jamais réussi maitre. Je soufflai, signe de mon exaspération. Une autre chose, nous avons discuté entre nous et nous pensons qu'il serait temps que vous vous réconciliez avec monsieur Ryan.

Je me crispai à ces mots. Je resserrai mon étreinte sur elle. Elle se tut sur le moment. Je venais de fermer les yeux subitement. Elle marchait sur des œufs en ce moment, et elle savait que ces prochaines paroles seraient déterminantes.

- Vous étiez tous inséparables il y a 5 ans de cela. Maitre R n'a jamais eu de soumises régulières avant Layla, il l'a voulu dès le premier jour où elle a pénétré dans l'antre du club. Vous le saviez, mais voyant vos sentiments se développer pour elle, il a mis de côté les siens pendant longtemps.

Chacune de ses paroles me ramenait des années en arrière et même si cela ne me faisait pas forcement plaisir, je savais particulièrement bien que Stella avait raison. Je connaissais maintenant toute la vérité, j'avais eu une discussion avec mon frère. J'avais revu un court instant Layla, sans en être particulièrement atteint. J'étais passé à autre chose.

- Je pense que vous me faites régulièrement la morale, mais vous avez vous aussi du travail à faire sur vous-même, me dit-elle, dans son élan. Je reconnaissais bien là ma Stella, à la langue bien pendue. Vous savez que j'ai raison, vous devriez l'appeler et vous parler...

- Si je fais cela, tu en feras de même pour Becca ?

Elle sentit l'étau se resserrer sur elle. Je venais de la coincer. Elle voulait que je me réconcilie avec Ryan et moi, j'en avais marre de recevoir régulièrement des messages de Becca pour que je l'aide à se réconcilier avec Stella. On dirait de vraies gamines, alors qu'elles avaient toutes les deux plus de la trentaine.

- Je vais le faire, concéda-t-elle, mais après que vous eûtes parlé à maitre R.

- Marché conclu, mais j'aurais une dernière question. Stella, tu es relativement patiente avec Clara.

- C'est normal pour que tout se passe du mieux possible.

- Non, je te connais, tu es autant possessive qu'elle. Je sais qu'elle est jeune, mais cela n'explique pas tout. Tu es trop patiente, tu ne l'as jamais été autant. Ou du moins avec aucune avant Clara à ce point...

- Préfériez-vous que je le sois moins ?

- Ce n'est pas la réponse à la question que je t'ai posée. Tu sais que je déteste, que tu répondes à mes questions par d'autres questions. Je te déconseille d'essayer de te jouer de moi de la sorte. Je ne suis pas débile.

Elle ne répondit pas sur le champs. Ma voix avait changé d'intonations, signe que je ne rigolais pas dans mes menaces. Il y avait anguille sous roche et je la connaissais trop pour ne pas m'en apercevoir. Elle me cachait visiblement quelque chose et à mesure que la discussion progressait, mon pressentiment se confirmait.

Je pris son menton entre mes doigts et remontai son visage pour que nous regards se croisent. Le rouge lui monta aux joues et elle détourna le regard. C'est à ce moment, que je compris.

- Stella ne me dit pas que...

- ....

- Stella, répond moi franchement. Clara te plait ?

Le rouge qui tentait déjà ses joues augmenta d'intensité. Ce qui ne fit que confirmer mon hypothèse.

- Oui, Clara m'attire, avoua-t-elle en toute franchise.

J'avais pressenti cette réponse, mais l'entendre me mettait quand-même sur le cul. Où allait bien se diriger notre relation, si les sentiments de Stella s'accroissaient ou encore si Clara répondait favorablement à ceux-ci ?