A la vie, à la mort : Oui, je le veux (Tome 4: Une autre vie )
Résumé
20 années se sont écoulées depuis ce fâcheux évènement qui a mis fin à la dynastie des PETROVIĆ. Et depuis, chacun essaie d'avancer comme il le peut. Pour ce faire, ils se sont défaits de leur passé de mafioso beaucoup trop tumultueux. Bien que cela ne soit juste qu'en apparence seulement. Proteger le patrimoine laissé, c'est tout ce qui reste à faire car, le passé est bien derrière soi, se disaient-ils. Sauf que, de même que la mort n'est pas forcément la fin de toute chose, le passé ne semble pas être aussi loin qu'il en a l'air. Surtout quand de nombreux événements inattendus s'enchaînent et commencent à tout remuer. Quand est venue l'heure de solder ses dettes, personne n'est exempté, dit-on. Il n'y a pas d'échéance qui n'arrive ni de dette qui ne se paye. PS : Une autre vie est le dernier tome (4) d'une quadrilogie titrée "A la vie, à la mort, oui je le veux". Il fait suite au livre 3 "Condamné à fuir".
20 ans après
Manchester, Angleterre
Kyra Lexa Aaliyah Ivanović
- 20 ans aujourd'hui depuis que tu es parti mon frère, pourtant mon cœur meurtri n'accepte pas que tu sois mort.
Je pleurniche accroupie devant la tombe de mon frère alors que mon mari est debout à côté avec le regard ailleurs. Mon esprit revint encore à ce jour fatidique qui a vu partir mon frère, sa femme et ma nièce. Cela a été l'horreur de découvrir une telle barbarie sur les lieux de l'accident. Les corps qui y étaient retrouvés étaient tous tellement carbonisés et méconnaissables. C'était horrible à voir. Juste quelques affaires appartenant à mon frère et à Lindsay qui ont aidé pour l'identification.
Même là encore, s'il n'y avait pas l'enfant à côté j'aurais pu garder espoir que mon frère revienne un de ces jours. Je n'arrivais pas à y croire moi même malgré l'évidence. Il m'est arrivé de vouloir demander une identification par ADN afin d'en être sûre. Mon mari m'en a dissuadé car d'après lui, ce serait profaner le peu de leur corps que l'on a recueilli. Il avait bien raison. Mon frère n'aurait pas donné son feu vert pour de la charcuterie à souhait. Mort ou vivant, il mérite qu'on le respecte.
Vu l'état de leur corps et suivant les directives de mon frère, ils ont été incinérés. Mais j'ai tout de même tenu à leur offrir une cérémonie funéraire digne de ce qu'ils ont représenté aux yeux de tous. Je me redresse et effleure la plaque funéraire où reposent leurs noms. Il a été convenu avec mon mari qu'ils devraient reposer tous les trois près l'un de l'autre. Alors, leurs cendres ont été entreposés tout près. Comme ils l’avaient été dans la vie. C’était ma seule consolation : savoir que même dans la mort, lui, Lindsay et Aleksa étaient réunis. Et quand, une fois par an on vient se recueillir ici, c'est plus pratique.
Pour mon frère, cela a été difficile, mais au fil du temps j'ai accepté. Ce sont les risques du métier, comme il le répétait bien trop souvent. Néanmoins, avait il fallu que sa femme et sa fille y passent aussi ? Méritaient ils tous les trois une mort aussi violente que celle là ? C'est ce qui me désole, en vrai. Je n'arrive pas à faire mon deuil même 20 ans plus tard.
- Toi, Lindsay, Aleksa... Vous me manquez tellement, murmuré-je, brisant le silence.
Ma voix se casse. J'essuie les larmes dégoulinant sur mes joues.
- Alex !
J'éclate en sanglot.
- Pourquoi ? Pourquoi tu m'as abandonnée mon frère ? Toi et mon mari, je n'avais que vous deux pour veiller sur moi. Vous étiez ma famille. Ma seule famille. Pourquoi toi ? Aujourd'hui encore je n'ai rien compris de ce qui s'est passé. Tu es parti comme de la fumée de paille.
Une main se pose sur mon épaule. Je me lève pour contrer le regard compatissant de Milan au milieu de cette ambiance cynique et lugubre des lieux. En ce moment, on est en automne. Ce n'est pas le moment de l'année où la nature est la plus belle, mais j'ai toujours adoré. Se préparant à l'arrivée de l'hiver, l'environnement est en pleine transition. Le soleil se fait plus rare, la luminosité décline et les températures diminuent, certes. Mais, les arbres enclenchent le mécanisme qui leur permet de se mettre en veille jusqu'au printemps prochain. Et pour cela, ils ralentissent leur métabolisme en se délestant de leur feuillage et ainsi récupérer un maximum de nutriments dans les racines, le tronc et les branches. Ce qui donne habituellement cet aspect si somptueux à leurs feuillages que j'adore. Surtout lorsque sur le sol bien préparé au préalable ils s'éparpillent. Pourtant, à cet instant, je suis bien incapable d'apprécier cela.
A cette heure de la journée, il n'y a presque personne. Il n'y a que le vide pour repondre à chaque écho de nos voix. Les couleurs rouges, oranges, quelques peu flamboyantes des pétales par terre tentent d'octroyer à l'endroit un visage moins morose, mais c'est peine perdue. Si tu t'es retrouvé là, il n'y a pas 36 milles explications à ta présence en ces lieux. Tu as perdu un proche. Alors, peu importe la splendeur de l'habitacle dressée pour introniser nos morts, il n'est aucunement chaleureux.
Milan m'aide à me relever alors qu'Andreina elle, me tend mon sac. Elle revenait de la tombe d'Aleksa les yeux rouges. Elle a sûrement pleuré. De mes enfants, c'est la seule qui a exprimé vraiment ses ressentis tout ce temps à propos de la mort de son oncle et de toute sa famille. Quoiqu'elle n'avait pas compris grand chose lors de leur disparition. Qu'aurait pu comprendre une petite fille de 3 ans ? Je lui raconte souvent comment c'était quand elle demande pour cette petite fille qui est partout sur nos photos de famille et qu'elle n'a jamais vu.
Aujourd'hui encore, tout comme moi elle est affectée. Yeleen, elle, c'est une dure à cuire, on devine rarement ce qu'elle pense ou ressent. Elle s'est mariée et a décidé qu'elle restera vivre dans le pays de son mari. Et mon fils, je crois qu'il n'a aucunement conscience du monde dans lequel nous vivons. Il est beaucoup trop occupé à faire chier son père.
- Je suis si désolé mon amour. Si seulement j'avais pu agir dans le temps, tu aurais eu ton frère avec toi en ce moment. Mais je... Mon frère avait besoin de moi. J'aurais dû être là.
Sa voix tremble légèrement, un aveu rare de faiblesse.
- On aurait pu trouver une solution... Une autre solution, il murmure.
Mon époux enlève sa main de mon épaule et serre les poings de rage. Je connais mon homme. Je sais que cette situation l'afflige autant qu'à moi même s'il ne l'exprime pas. Encore un autre qui ne sait pas transmettre ses émotions réelles. Avec Yeleen, ils font la paire. Les chiens ne font pas les chats.
- Mais ce n'est pas de ta faute Milan, dis-je en essuyant mes larmes.. Ce n'est de la faute de personne si ce n'est ce foutu policier qui n'avait fait que le persécuter. J'espère qu'il pourrit en enfer jusqu'à présent. De plus, mon frère était... Il savait dans quoi il s'embarquait. Cela ne saurait finir autrement.
- Hmmm hmmmm !
Il hoche la tête, mais son regard se durcit.
- Ceci dit, je ne comprends toujours pas comment ça a pu arriver Milan. Mon frère n'était pas un débutant. Il a toujours été prudent. Comment a t'il pu se laisser avoir de la sorte ? A chaque fois qu'un ennemi se préparait à avancer un pion, mon frère en avait déjà deux dans le jeu. Comment il a pu exposer sa famille ainsi ?
Je redouble de pleurs.
- Comment il a fait pour ne pas prévoir les entourloupes de ce Liam de malheur ? Cet homme abject... J'espère qu'il crève là où il est.
Milan serre les poings, son visage figé dans une rage qu’il peine à contenir.
- Il n'y a pas plus malin que le renard, dit-il doucement. Et pourtant les marchés regorgent de sa peau Liyah. Aleksandar tout comme moi connaissions les risques du métier. Et pour Liam, je doute qu'il sorte de là un jour. Et même si cela devrait arriver un beau jour, sa vie ne sera pas assez longue pour en profiter. Je peux te le promettre.
- Je le tuerais de mes mains si je pouvais. Malheureusement... Je suis la loi, la justice, la droiture...
- Hmmm ! fit-il simplement.
- Et c'est pourquoi tu t'es rangé mon amour. Pas vrai ?
Pour toute réponse, il détourne la tête sur le côté et réajuste ses lunettes de soleil.
Je me tourne brusquement vers lui.
- Parce que je te jure Milan, si un jour je devrais découvrir que tu trempes encore dans ces trucs là...
- Ce n'est pas le moment maman, tente de m'apaiser Andreina.
Mais je suis trop emportée pour me taire.
- Je suis sérieux Nana. Si ton père penses me faire chier...
Andreina soupire, agacée par mon manque de tact.
- Maman ! Ton langage ! se plaint ma fille en se bouchant les oreilles.
Je me tourne de nouveau vers Milan.
- Si jamais je me rends compte que tu m'as bernée sur ce coup, je prends mes deux autres gosses et je m'en vais de ta maison. Yeleen est chez son mari. Alors je n'aurai pas à m'en faire pour elle.
- Bien évidemment mon ange. Mais rentrons s'il te plaît, murmure Milan d’une voix lasse. Cet endroit me fout hors de moi.
L'ambiance morose du cimetière m'était déjà insupportable. C'est ainsi chaque année, pourtant j'y reviens encore. Je tiens à honorer mon frère. Il le mérite bien. C'est aussi ma manière de faire mon deuil.
- On y va. Je ne veux plus passer une minute de plus ici, lâchai-je d’un ton abrupt.